L’économie numérique est-elle vraiment écologique ?

L’économie numérique est-elle vraiment écologique ?

Un monde sans papier ?

En théorie, cela semble être une excellente idée. Communiquer et stocker des fichiers dans les clouds semble pouvoir économiser de précieuses ressources. Mais l’énergie est aussi une ressource. Des smartphones aux crypto-monnaies, l’impact environnemental des technologies internet est loin d’être négligeable.

Greenpeace a étudié le problème ces 10 dernières années. Leur étude annonce que les smartphones ont un impact environnemental dévastateur, tandis que l’extraction de la crypto-monnaie et le maintien de sa mystérieuse blockchain consomment autant d’énergie qu’un petit pays.

Toutes ces choses que nous pensions faire pour avoir un impact positif sur l’environnement, comme  envoyer des courriels au lieu de faxer, abandonner nos ordinateurs portables encombrants pour des smartphones plus petits et plus efficaces – pourraient-elles être en fait moins bénéfiques que nous ne le croyons ? Oui et non.

La vérité réside dans les détails

Bien que les smartphones nécessitent une énergie et des ressources considérables à produire, les recherches de Greenpeace ont révélé que ce ne sont pas les téléphones eux-mêmes qui sont intrinsèquement problématiques. C’est la manière dont nous les utilisons qui est important. La durée de vie moyenne d’un smartphone n’est que de 26 mois et, parmi les modèles examinés par Greenpeace, seuls deux sur 13 disposaient de batteries qui pouvaient être facilement remplacées. Donc 11 modèles sur 13 sont de toutes façon des produits jetables.

Des études sur le comportement des internautes a-propos des e-mails et le stockage des données sont parvenues à des conclusions similaires. La fabrication et l’utilisation d’appareils technologiques ont bien sûr un certain impact sur l’environnement, mais ce sont le gaspillage et la surutilisation de ces appareils qui causent le plus de dégâts.

Email ou courrier papier

C’est peut-être la question la plus ancienne de ce débat éco-techno. Le courrier électronique est-il moins nocif pour l’environnement que l’envoi de courrier physique? Rassurez-vous, oui, et cette différence est substantielle. L’envoi d’une lettre avec du papier recyclé pesant 10 grammes, bien en dessous de la limite d’un seul timbre de première classe, émet environ 140 grammes de CO2, tout compris. Un court e-mail, par contre, ne dégage que quatre grammes de gaz à effet de serre, et cela tient compte de la fabrication des équipements utilisés pour l’envoyer.

Joindre un gros fichier en pièce jointe de l’e-mail augmente ses émissions de carbone à environ 50 grammes, ce qui représente toujours une économie de 90 grammes.

Mais c’est là que les choses commencent à devenir compliqués. Si nous utilisions le courrier électronique comme nous utilisons le courrier physique, la réduction des émissions de carbone serait intéressante. Cependant, nous n’utilisons pas le courrier électronique comme nous utilisons le courrier postal. Nous répondons parfois par un rapide « Merci! » nous n’envoyons jamais un tel message dans nos boîtes aux lettres physiques, nous stockons les messages inutiles pendant des années et utilisons des répondeurs automatiques pour informer les expéditeurs qu’une vraie réponse sera bientôt en route. Toutes ces choses nécessitent de l’énergie et émettent toujours plus de carbone.

Et les spams, tous ces messages inutiles qui ne sont jamais ouverts ? Selon les recherches ceux-ci ont un coût environnemental non négligeable.

Stockage des données

Si le stockage de quelques e-mails dans votre boîte de réception s’additionne au fil du temps, quel type d’impact a le stockage de vos documents, musique et autres fichiers numériques volumineux sur le cloud ?

Les centres de données des USA utilisent 120 milliards de kWh d’électricité. De plus, ils consomment des milliards de litres d’eau. Cependant, les centres de données n’ont besoin que de la moitié de l’énergie qu’ils utilisent pour fonctionner à un niveau presque identique à leurs opérations actuelles. Le reste de leur consommation d’énergie est un excès intentionnel qui leur permet de fournir un service ultra-performant sans temps d’arrêt et des vitesses plus rapides. Ils surconsomment uniquement pour qu’aucun client n’ait à souffrir d’insatisfaction.

Cela peut sembler être des mauvaises nouvelles pour le réchauffement climatique, mais ce n’est pas obligatoirement vrai. Le courrier électronique économise de l’énergie. Il en va de même pour le cloud computing. Le partage, semble-t-il, s’avère toujours une alternative plus écologique aux serveurs internes. Si vous voulez vraiment consacrer plus d’efforts à la création d’une culture d’entreprise soucieuse de l’environnement, les petits changements que vous apportez s’accumulent tout comme ces émissions de carbone, et ils ne coûtent pas un sou supplémentaire à mettre en œuvre.

Tel qu’il est actuellement, notre monde basé sur Internet n’est pas vraiment écologique, mais il n’est pas non plus hostile à notre environnement et, avec de petits choix quotidiens, il a le potentiel d’être un ami bien plus grand que tout moyen de communication et informatique qui l’a précédé.

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